Jeanne, les flammes l'ont suivie
quand elle chevauchait dans la nuit,
pas de lune pour l'éclairer,
ni personne pour la guider.
Je suis si lasse de la guerre,
j'ai tant envie des travaux de naguère,
d'une longue robe de mariée
pour habiller mon appétit grossier.
Ah, quel plaisir de te l'entendre dire,
je te guettais avec tant d'ardeur,
tu sais bien que je désire,
Jeanne, ta solitude, ta froideur.
Et qui es-tu demanda t'elle
à cette voix dans la fumée,
Je suis le feu, voyons, ma belle,
et ton orgueil de glace me fait rêver.
Alors, feu, tiédis ton corps,
je te donne le mien, sois fort.
Sur ces mots, Jeanne s'est lancée
pour l'épouser à jamais.
Le cœur de braise avait gardé
ta place, Jeanne, de mariée,
et la noce fut couronnée
de la robe tout noire et brûlée.
Le cœur de braise avait gardé
ta place, Jeanne, de mariée,
elle a compris, c'était son lot,
que pour qu'il brille, elle devait être fagot.
J'ai vu ses cris, vu sa douleur,
j'ai vu la gloire dans ses pleurs.
Je ne sais comment peuvent s'allier
tant de lumière, tant de cruauté.